Les contes de Mamé |
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Quand enfin tout est redevenu calme Mamé est sortie pour voir sil ny avait pas de dégâts. Nous avions loué une villa avec un grand jardin. Tout allait bien, mais soudain Mamé a entendu une longue plainte dun petit oiseau. Cela venait dun bouquet de buissons sous les grands pins des Landes. Armée dune lampe de poche elle a cherché partout et soudain elle a aperçu un minuscule oiseau. Mamé a réussi à attraper la pauvre bestiole mouillée, tremblante de froid et de peur. II était misérable, sans plumes, avec juste un petit bout de queue, quelques plumes sur les ailes, de longs duvets blancs au-dessus des yeux et un gros ventre tout nu. Mamé est rentrée avec lui, il avait besoin dun nid pour dormir et être au chaud, la grande passoire avec des mouchoirs en papier au fond et un couvercle à poser dessus pour la nuit a fait laffaire. Mais quil était petit! Nous navions rien pour le nourrir, et il piaillait de faim! Mamé a décidé de mélanger un peu de jaune doeuf dur avec de la biscotte écrasée et une goutte deau, ensuite elle en a fait des boulettes allongées. Le tenant dans une main, avec lautre elle a réussi à lui fourrer dans le bec un peu de cette pâtée. Après quelques essais, le coquin a compris quil sagissait de remplir son estomac et il a grand ouvert le bec tout seul. Quand il a été rassasié, il a regagné sa passoire pour la nuit. Oh ! Misère les vacances commençaient bien avec un bébé oiseau quil faudrait nourrir du matin au soir, sinon il crierait sans pitié ! Cétait une catastrophe, une calamité comme les Huns du chef sauvage Attila... Cétait un Attila Zoiseau! Et cest ainsi que nous lavons baptisé.
Cahin, caha, les jours passaient Attila commençait à ressembler à un oiseau. Ses plumes poussaient et petit à petit en le comparant à des photos dans un livre, nous avons découvert quil sagissait dun verdier. Cétait un charmant oiseau de la taille dun canari jaune, vert et gris-brun. Pour quil puisse soigner son plumage tout neuf nous lui avons trouvé une baignoire Cest ainsi quAttila a pris son bain régulièrement dans un petit plat émaillé. Il adorait ça, il sébrouait dans leau et en envoyait partout. La famille avait décidé que quelques jours avant la fin des vacances, il faudrait offrir sa liberté à Attila. Mais il fallait quil sache voler et soit entraîné à le faire. Alors portes et fenêtres fermées en plein mois daoût, Attila a eu le droit de voleter dans la maison. Assez vite il a su traverser les pièces et se percher un peu partout, en particulier sur nous ! Là, par exemple agrippé sur lépaule de Mamé, il aimait aller se cacher sous ses longs cheveux. A labri, au chaud il pépiait, très heureux.
Notre mois de vacances allait se terminer. Depuis plusieurs jours, Attila dans sa cage, passait du temps près de nous au jardin, observant les alentours et les verdiers sauvages. Par une belle matinée nous avons décidé que cétait le jour « J ». Nous avions bien montré à Attila, une réserve de graines dehors, placée en hauteur, pour quil ne se fasse pas attraper par les chats. Nous ne voulions pas quil meure de faim, avant par imitation, de savoir se débrouiller comme les autres oiseaux. Le cur gros, nous lavons tous caressé légèrement et Papé la pris, a ouvert sa main en la levant bien haut. Attila Zoizeau, un instant étonné a regardé autour de lui, plus de cage, de murs, de fenêtres fermées, rien libre... Et tout dun coup Attila a pris son envol, il est monté, monté toujours plus haut vers le ciel, puis a glissé à tire daile pour se poser à la cime dun très grand pin. Tous ensemble immobiles nous regardions, nous voulions jusquau dernier moment voir où allait partir notre jeune oiseau. Et subitement avant davoir réalisé, nous avons vu Attila plonger dans un long piqué vers le sol et finir par un atterrissage acrobatique sur lépaule de Papé ! Avant, en le voyant partir nous avions eu la larme à lil, mais là avec son retour tout le monde pleurait démotion. Attila Zoizeau ne voulut pas repartir et nous avons décidé alors quil allait être un verdier-voyageur. Après les Landes notre oiseau allait découvrir lAlsace ! Nous sommes repartis pour regagner la région de Strasbourg avec un passager de plus : Attila Zoizeau installé dans son panier à salade. Comme toujours en été, il y a eu des bouchons routiers lors de cette traversée dOuest en Est. Nous avons permis à Attila de se dégourdir les ailes lors de ces arrêts. Il en profitait pour voleter dans la voiture et pour finir estima que le plus intéressant était de se percher sur le volant. Nous rions encore en repensant à la tête des autres automobilistes apercevant loiseau qui les observait du haut de son perchoir.
Le reste du temps il voletait à travers le rez-de-chaussée, avait ses perchoirs favoris en hauteur : le haut des portes ouvertes, armoire, tringles des rideaux, arbre de Noël Ainsi il pouvait nous observer et lorsque que vous étions à table guetter le moment où nous allions manger des pommes ou des raisins par exemple. Il raffolait des pépins de pomme, se posait à côté de celui qui en coupait une en quartier et prenant un pépin après lautre allait se percher sur notre tête pour décortiquer son pépin et le croquer. Notre maison avait un grand jardin et sur le toit du garage qui se trouvait sous la fenêtre de la cuisine au printemps suivant une compagnie de verdiers est venue picorer les miettes. Pour quAttila et eux apprennent à se connaître nous lavons mis dans sa cage près de la fenêtre ouverte. Ils faisaient de vrais concours de chant, sifflant, trillant, tant et plus. Mamé pensait que la belle saison serait bien pour relâcher Attila. Elle avait une amie qui soccupait dun refuge pour les oiseaux. Cette personne avait une dame verdier dans le même cas. Nous lavons prise et mise avec Attila. A bout de quelques jours les deux oiseaux étaient devenus amis. Ils ont assez vite montré quils avaient envie de rejoindre les verdiers sauvages qui se venaient près de leur cage.
Toute la famille était émue mais heureuse de voir quAttila avait retrouvé une vraie vie doiseau. Pendant plusieurs semaines nous avons revu Attila zoizeau qui venait avec les autres picorer graines et miettes. Il se posait sur le rebord de la fenêtre sifflait et trillait à pleine gorge comme pour nous dire bonjour.
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