En Pologne, sur l'immense champ de bataille,
sur les rives du Boug leur chemin s'est arrêté;
repérés, choisis, rassemblés par une fatalité,
ces quelques adolescents doivent arrêter une armée,
qui avance irrésistible et tenace vers la victoire.
Il leur faut résister jusqu'au dernier et mourir,
immolés sur l'autel de l'absurdité et de la mégalomanie,
sacrifiés dans un vain et cruel combat d'arrière- garde.


Celui qui les a quittés, lui-même blessé,
cultive leur souvenir dans son coeur ;
il voit encore, la terreur de leur fin prochaine
hanter leur pâle visage d'adolescent.
Il ne se rappelle, ni de leur voix, ni de leur nom.
et pourtant ils vivent en lui à jamais.
C'était encore des enfants, arrachés à leur mère,
leur vie n'avait pas vraiment commencé
et allait s'arrêter, là, dans ce lieu banal.

Il se reproche de ne pas être resté avec eux,
pour partager la misère de ce combat ultime
où l'homme, face à son destin doit se dépasser
et accepter l'incohérence de son anéantissement.
L'acte stoïque est l'honneur de l'homme.