Les contes de Mamé

 


MEPHISTO, le diabolique



C’était à l’époque où nous habitions en ville et venions à Mittel pour les vacances.

Nous emmenions Misouli, Chouchou, Domino et Tomy avec nous pour qu’ils soient libres de courir et se promener dans la nature. Après quelques jours là-bas, nous avons vu venir une fois près de la maison un grand chat tout noir avec des yeux bleus obliques! Nos chats, en le voyant lui ont couru après en miaulant et en crachant pour le chasser du jardin.

Mais l’étranger était malin, il courait à toutes pattes se mettre à l’abri, puis revenait quand il voyait Misouli, Chouchou ou Domino seuls à l’horizon. Il s’approchait doucement pour les attaquer. Il était tellement insupportable que Mamé a décidé de l’appeler Méphisto comme le diable.

En fait ce n’était pas un chat perdu, Sophie et Sandra ont découvert qu’il appartenait à Véronique une de leurs camarades.

Méphisto était un chat terrible, râleur, miauleur, charmeur, voleur, joueur, bagarreur...en un mot : un chat terrible. Cet animal avait toujours faim, Mamé disait qu’il aurait pu manger une vache entière toute crue et avoir encore faim. Il avait toujours le nez en l’air pour sentir s’il y avait quelque chose à manger dans les parages. Il fallait faire attention à ne rien laisser nulle part.

Et pourtant un jour d’été, Mamé avait posé un gros rôti dans un plat sur la table de la cuisine. Il faisait beau, la fenêtre était entre-ouverte. Mamé était descendue à la cave chercher des oignons, en remontant après en avoir épluché un, elle a voulu le rajouter dans le plat et...horreur!... le rôti avait disparu! Mamé a regardé partout, mais plus de rôti!

Tout à coup en regardant par la fenêtre qu’a-t-elle vu? Ce voleur de Méphisto en train de traîner dehors sur la terrasse le morceau de viande presque aussi gros que lui!

Mais ce coquin de chat ne voulait pas rendre la viande, il ne s’enfuyait pas, il s’agrippait de toutes ses griffes et ses dents pour garder le bon rossbeef! Malgré tout Mamé a réussi à le lui reprendre. Même si on ne pouvait plus le manger, elle ne voulait pas que ce voleur de Méphisto le garde comme une récompense. Ce sont nos chats et notre chien qui ont eu un bon dîner grâce à lui.

Nous n’étions pas les seules victimes de ce chenapan. Une autre fois, Mamé a vu la voisine qui cherchait quelque chose sur le rebord de sa fenêtre, puis qui est sortie pour regarder sous sa fenêtre si c’était tombé par terre...mais rien, il n’y avait rien! En voyant Mamé dans le jardin, la voisine lui a dit « c’est incroyable, j’avais posé des poissons emballés dans du papier d’aluminium, mais il ne me reste que le papier! Les poissons ont disparus, je n’y comprends rien! ».

Mamé, elle, avait tout de suite compris! Méphisto était passé par-là! Les poissons avaient sûrement trouvé le chemin de son estomac. Papé se fâchait toujours quand il voyait ce chat insupportable dans la maison. Car au fil des jours, Méphisto avait réussi à devenir copain avec Chouchou en se mettant avec lui pour embêter Domino. Le jaloux Domino battait Chouchou lorsqu’il était seul, mais Méphisto et Chouchou ensemble rossaient Domino !

Alors ce malin qui faisait peur à Misouli, qui était ami avec Chouchou et obligeait Domino à rester tranquille, pouvait rentrer dans la maison comme chez lui. Méphisto savait que Papé ne l’aimait pas et le chassait quand il le trouvait dans la maison. Et Méphisto était très fâché contre Papé, car il aimait beaucoup se faufiler à la cuisine pour manger la pâtée de nos chats, et ensuite aller se coucher dans un bon fauteuil du salon.

Un beau jour Méphisto est monté se promener dans les chambres du premier étage, où il a vu de beaux lits avec de gros édredons si confortables pour se prélasser. Personne ne l’avait vu grimper l’escalier, mais plus tard Mamé l’avait surpris, en haut, dans le couloir sortant des chambres. Mon Dieu! File Méphisto avant que Papé arrive et te donne une fessée! Mais au lieu de se sauver cet insolent de chat était majestueusement descendu, le nez en l’air et la queue bien droite.

Mamé méfiante avait fait le tour des chambres pour voir s’il avait fait des bêtises mais elle n’avait rien remarqué. Le soir tous étaient montés se coucher sauf Mamé qui rangeait encore la cuisine. Tout était tranquille, quand soudain les grands cris de Papé ont fait accourir tout le monde :
- Mais qu’est-ce que tu as pour hurler comme cela? demanda Mamé, et Papé de crier encore plus fort :
- où est ce maudit chat, je suis sûr que c’est lui, je vais lui arracher la peau !
- Mais quel chat ? dit Mamé.
- Méphisto, évidemment !
- Mais qu’a-t-il fait ? Répéta Mamé.
- J’ai voulu me coucher, et en m’allongeant dans mon lit, j’ai été tout mouillé !
- Mais pourquoi ? S’étonna Sophie.
- Parce que ce chat diabolique est rentré dans le lit, sous les draps et a fait pipi sur l’oreiller et sur le matelas, c’est froid, mouillé et cela pue ! Rugit Papé qui ajouta :
- Si je l’attrape, j’en fais du pâté !

Mamé ne dit rien mais elle avait deviné que le diabolique matou s’était vengé en douce, parce que Papé ne voulait pas qu’il vienne à la maison…

Pendant quelques jours Méphisto a fait attention à ne pas rencontrer Papé, mais petit à petit à force de faire le chat innocent, Papé a fini par penser que ce n’était peut-être pas lui mais un des autres! Et comme ce loustic a eu peu après ses exploits, mal aux yeux, Papé s’est laissé attendrir. Mamé l’a fait soigner par le vétérinaire. Et ce chat plein de malice a pu continuer à venir faire le diabolique à la maison quand il voulait...et il voulait souvent !


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