Les contes de Mamé |
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A travers les rideaux il a vu arriver Mamé et a miaulé de plus bel. Il poussait des cris aussi forts que les mouettes au bord de la mer : terribles ! Nous avions déjà petit Kof et Mamé navait pas envie davoir encore un autre chat. Cétait un grand chat gris, il nétait pas maigre, mais continuait à hurler en courant dune fenêtre à lautre tout autour du rez-de-chaussée, grattant aux portes pour se faire ouvrir. Mamé a pensé quil venait dune des fermes du village où il y a de nombreux chats. A force de lentendre se lamenter, prise de pitié, Mamé a réussi à lui envoyer de la nourriture dehors sur la terrasse. Il a dévoré. Et cest ainsi que pendant trois jours il a fait le siège de la maison durant des heures miaulant à fendre lâme. Là-dessus, il sest mis à geler à -14°. Et ce chat finalement semblait ne pas savoir où aller. Nous avons commencé à penser que quelquun sen était peut-être débarrassé en le perdant volontairement. Apitoyée par ces circonstances possibles, Mamé a cédé et ouvert la porte au chat qui a foncé à toutes pattes à lintérieur. Il a alors commencé à frotter son museau un peu partout, pour se rassurer en y mettant son odeur.
Ensuite il a vu lécuelle de petit Kof et la vidée en trois coups de langue, réclamant encore à manger. Un moment après, repu ayant reconnu les lieux, il a choisi un fauteuil du salon et sest couché, compact et bien rangé. En lobservant de plus près Mamé a remarqué quil avait une fourrure spéciale, un épais duvet gris en-dessous de poils plus longs gris fonçé avec un reflet bleu argenté. Les jours suivants Maxigris resta à la maison, refusant de sortir, sans doute méfiant, de peur de ne plus pouvoir rentrer ! Il se montrait gentil, discret, évitant petit Kof qui lui, soufflait et grognait contre lenvahisseur. Mamé observa que sil avait toujours faim, par contre il semblait avoir du mal à avaler. Il fallut le conduire chez le vétérinaire, il avait un abcès et a eu des antibiotiques. A cette occasion nous avons appris que cétait un chartreux et quil semblait avoir subi un traumatisme. Les recherches pour retrouver ses maîtres restant vaines nous lavons gardé ! Les premiers temps il sest montré gentil, charmeur, tolérant. Il se laissait caresser. Respectait lécuelle de petit Kof, se contentant de la sienne. Il ne contestait pas sa place dancien à Kof. Un chat modèle !
Après quelques temps lanimal a bien compris quil sétait trouvé une famille dadoption. Alors changement total de comportement ! Maxigris a voulu être le chef et a commencé à attaquer petit Kof dès quil croyait quon ne le voyait pas. Cela lui a valu quelques tapes avec un journal. Il se sauvait vite et recommençait à la première occasion. En plus très mécontent, il refusait que Mamé le caresse plus tard car cest surtout elle qui le surprenait lors de ses méchants coups de griffes à Kof. Monsieur le matou grognait contre Mamé et ne se montrait gentil que pour obtenir à manger. Au bout de quelques temps il sest mis à disparaître pendant des heures dans la journée et rentrant tard le soir. Nous étions intrigués. Ce sont nos voisins Bernard et Annie qui nous ont fourni la clé du mystère. Monsieur le Maxigris mécontent de ne pas être le roi chez nous, avait été faire sa comédie chez eux.
Pour éviter quil ne sinstalle tout à fait chez eux, ils ne le nourrissaient pas vraiment. Cest ainsi que cet éternel affamé arrivait à toutes pattes chez nous, poussant ses cris de mouette pour avoir à manger. Très difficile en plus, ne finissant pas ce quil avait laissé deux heures avant, que du tout frais pour monsieur. Et le soir une petite ration de viande crue. Ensuite selon ses humeurs il repartait tout de suite à côté ou daignait faire une petite sieste chez nous. Cest dailleurs à ces moments là, quil en profitait en se faisant oublier pour guetter petit Kof en douce et lattaquer au passage. Maxigris semblait avoir des ressorts sous les pattes tant il courait légèrement. Il était dune rapidité incroyable pour chasser. Plus une souris à lhorizon, le seul qui la rendu enragé cest un bel écureuil roux qui avait fait son nid derrière les volets entre-ouverts dune fenêtre au premier étage de lannexe.
De là-haut il narguait le chat et à la saison des noisettes lui envoyait sur la tête les coquilles des noisettes quil croquait. Ensuite il volait dans les airs en passant darbre en arbre. Maxigris grimpait à toute allure en haut des grands arbres mais lécureuil était déjà plus loin. Le chat dépité sautait de plusieurs mètres de hauteur pour redescendre plus vite. Cétait un vrai athlète, quand on le portait il était lourd et dense, tout musclé. Avec lui nous navons plus vu dautres chats traverser notre jardin ! Maxigris le terrible défendait son territoire et attention aux matous qui le provoquaient. Il avait de grandes canines et des griffes de chat-tigre qui leur faisaient très mal !
Ce coquin de chat à moitié endormi sur la terrasse avait reconnu le bruit du moteur à lentrée du village parmi tous les bruits. Quand Bernard est sorti du véhicule Maxigris sest précipité vers lui, lui faisant de grandes démonstrations damitié et le suivant immédiatement pour renter avec lui dans son paradis du chat-roi. Et cest ainsi que Maxigris le chat couleur de lombre a organisé sa vie jour après jour entre les deux maisons profitant avec malice de tous les avantages de cette situation.
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