Les contes de Mamé

 


Toutsy et Korsakoff



Nous avons recueilli un jour un jeune chat qui était tombé deux fois par la fenêtre d’un appartement en ville, ne supportant pas d’être enfermé. C’était un très beau chat tigré à poils longs avec un plastron blanc, botté de blanc. A côté des chats que nous avions eus il semblait petit car ses pattes étaient courtes et son corps trapu. Korsakof dit p’tit Kof est un original qui mange des radis, adore le bouillon de légumes et le lait, chasse des mulots aussi gros que sa tête.

Il escalade les murs tapissés de toile du salon pour aller se percher sur les armoires d’où il observe tout le monde. Il nous prend assez souvent pour ses souris…il commence par nous lécher gentiment les doigts et le dos de la main avant de mordre dedans avec appétit, mais par contre ne griffe jamais !

Il a toujours été un petit lion courageux qui a affronté des gros chiens et les a fait reculer en faisant gonfler ses poils et poussant des miaulements terribles. Son amour du lait et des souris a réservé une drôle de surprise un jour à Mamé. Elle s’était fait un thé et près de la théière avait posé un pot de lait. Puis était retournée à la cuisine chercher des petits pains et de la confiture.

Au moment de verser du lait dans sa tasse Mamé a vu quelque chose de brun qui flottait dans le pot de lait. Etonnée en se demandant comment un sachet de thé avait pu tomber là-dedans… Avec une petite cuillère, elle a voulu le sortir… et horreur ! Dans un grand cri elle a tout laissé tomber… Petit Kof avait mis la dernière souris qu’il avait attrapée à tremper dans le pot de lait ! Pour qu’elle soit meilleure ou pour faire un cadeau à Mamé, nous ne le saurons jamais.

Un matin de février glacial Mamé a entendu des aboiements plaintifs devant la maison. En allant voir, elle a aperçu chien noir à longs poils tout tremblant qui pleurait en grattant à la porte. Prise de pitié Mamé a ouvert et l’a laissé rentrer. C’était un jeune chien qui se précipita à l’intérieur, se mit à lui lécher la main puis se coucha à ses pieds.

Que faire ? Nous n’avions plus de chien et avions décidé de ne plus en avoir ayant tout de même deux chats à cette époque.

En observant la bête Mamé s’était rendue compte que c’était une Madame chien. Les deux filles en rentrant du lycée supplièrent que nous la gardions, que c’était impossible de la jeter dehors en plein hiver ou de l’abandonner à la SPA. Elles promettaient de s’en occuper. Nous avons fini par accepter en pensant surtout à cette pauvre bête mais précisant qu’on ferait une recherche pour retrouver ses maîtres.

Nous avons installé l’ancien panier de Tomy dans un recoin tranquille de l’entrée. A force de lui dire « viens Toutou ! », nous avons l’avons baptisée Toutsie. Au bout d’une quinzaine de jours personne n’était venu la chercher et elle est restée chez nous. Les chats en la découvrant le premier jour avait fait le gros dos puis constatant qu’elle se couchait devant eux en poussant des petits jappements amicaux, l’avait laissée tranquille.

Misouli notre belle chérie la snobait un peu car cette jeune chienne qui se roulait dans l’herbe, faisait un peu la fofolle avec un os avant de partir l’enterrer en grand mystère derrière des buissons, sautait en l’air d’une taupinière à une autre en les creusant furieusement de temps en temps, tout cela ne faisait pas très sérieux.

Petit Kof lui après un temps d’observation adopta la chienne, on les voyait souvent ensemble allant à l’aventure dans le verger, descendant vers le ruisseau. En cas de grand danger Korsakof se mettait sous Toutsie entre ses pattes tandis qu’elle grognait et montrait ses crocs aux indésirables. Après leurs expéditions ils allaient souvent se coucher tous les deux dans le panier à chien.


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