Les contes de Mamé

 


MISOULI et TOMY



C’était un soir d’hiver et Tomy le gros chien boxer faisait sa promenade avec Papé.

Tomy aimait beaucoup aller au parc du Contades où il pouvait courir et jouer avec ses amis chiens. Après avoir bien gambadé, et fait des pipis sur tous les arbres et poteaux alentour, Tomy avait gentiment obéi et ils étaient repartis pour la maison.

En chemin, Tomy avait reniflé à droite et à gauche. A un moment au coin de la rue, il s’était un peu arrêté, il avait tiré sur sa laisse pour mettre le museau derrière un vélo près d’un soupirail de cave, mais Papé lui avait dit « allez en avant, on rentre ! ».

Tomy en arrivant s’était couché tout de suite dans son grand panier au bout du couloir et il s’était endormi. Soudain il avait entendu de longs miaulements « miaou ! miaou ! » sur le palier devant la porte de l’appartement.

Il faut que je vous dise que Tomy comme beaucoup de chiens n’aimaient pas les chats. Il aboyait en les voyant et si on ne faisait pas attention, il voulait leur courir après, le vilain ! Réveillé, brusquement par le chat, Tomy avait couru dans l’entrée, et commencé à renifler très fort en bas de la porte pour sentir le chat.

Mamé en le tenant très fort par le collier avait entre-­ouvert la porte, et là sur le paillasson qu’avait-elle vu ? Un grand chat tigré, avec de longs poils et de beaux yeux verts… Et tout à coup le chat était entré tranquillement !

Il avait calmement regardé le gros chien qui était tellement surpris qu’il n’aboyait même pas. Puis marchant fièrement avec sa queue touffue qui ondulait sous le nez du chien ahuri, le chat avait fait le tour de l’appartement.

Avec prudence Mamé avait relâché le chien qui ne faisait rien pour attraper ce chat. C’était incroyable. Le chat et le chien s’étaient reniflés, nez contre nez, puis le chat avait mangé un peu de pâtée à la cuisine et il était allé se coucher sur un grand fauteuil, comme si c’était sa maison.

Toute la famille était étonnée. Sophie, en regardant encore, le chat s’était écrié « mais c’est celui des Calla qui habitent au 4ème ! ». Elle avait pris le chat doucement et elle était montée chez eux pour le rapporter. Madame Calla lui avait ouvert sa porte, avait regardé le chat avec étonnement et dit : « mais comment s’est-il sauvé? Merci de l’avoir raccompagné ».

Sophie et toute la famille étaient bien contents que le chat ait retrouvé sa maison. Mais un quart d’heure plus tard, quelqu’un sonnait à la porte. La jeune fille des Calla était là avec le chat et surprise « ce n’est le nôtre, il est pareil mais c’est un autre chat! Tout à l’heure nous avons cru y voir double car nous en avions subitement deux chez nous avec celui-lui là ! », et elle nous a rendu le chat inconnu…

Que faire ? Nous avons décidé de le remettre dehors dans la rue pour qu’il retourne dans sa vraie maison. Nous l’avons posé sur le trottoir et avons refermé la grande porte de l’immeuble. Et... une demi-heure plus tard, qui était sur le paillasson et miaulait pour rentrer ? Le chat…

Trois fois nous l’avons remis dehors trois fois il a réussi à revenir. Alors toute la famille a décidé de le garder, puisque ce chat avait décidé que nous serions sa famille. Nous l’avons appelé “Misouli”. Tomy avait vu et senti le chat dans la rue en rentrant du Contades mais n’avait pas aboyé contre lui pourquoi ?c’est un secret entre lui et Misouli. Et pourquoi ce chat après avoir vu et senti ce gros chien l’avait adopté comme ami, c’est un autre secret entre eux.

Les animaux peuvent se parler mais nous ne les entendons pas. Le chien avait un grand panier, nous avons acheté un petit panier au chat qui a choisi de dormir dedans au-dessus du frigidaire. De là-haut Misouli pouvait observer à travers ses paupières entre-ouvertes tout ce qui se passait. Par exemple, le chat a pu voir tous les ans au mois de mai, les fourmis printanières qui escaladaient la façade de la maison rentraient par les portes-fenêtres, traversaient le couloir et se rendaient en colonne à la cuisine chercher à manger.

Elles passaient devant le panier de Tomy qui les surveillait et parfois ne dormant que d’un oeil en voyait une trop près de son museau. Alors d’un rapide coup de langue, « gloup ! » il la mangeait ! Le chat le regardait croquer des fourmis avec l’air de dire : « ce chien est stupide, quelle idée de gober ces bestioles, si encore cela avait été une souris ou un oiseau, mais des fourmis ! ».

Misouli n’en mangeait pas, mais après quelques semaines de vie chez nous, ce chat avait beaucoup grossi. D’abord nous pensé que c’était parce que lui donnions une bonne pâtée et des croquettes. Mais, bientôt Mamé avait deviné: Misouli n’était pas un monsieur chat mais une madame qui attendait un bébé chat.

Un beau jour de printemps, le bébé chat était né, c’était un joli chat tigré foncé, Sophie l’a appelé « Chouchou ». En grandissant, il est devenu son chat. Quand elle rentrait de l’école Chouchou sautait sur ses épaules et restait couché là, pendant qu’elle faisait ses devoirs.

Bébé Chouchou avait donné des soucis à maman Misouli. Elle n’avait pas assez de lait pour lui et nous avons dû lui donner des biberons, ceux des poupées de Sophie avaient la bonne taille et leur landau était un lit bien confortable pour ce petit coquin.

Et puis Misouli voulait prendre l’air sur le balcon et il lui fallait une baby sitter pour surveiller Chouchou. Alors qui devait garder Chouchou? Le gros Tomy! Chouchou allait se coucher dans le panier du chien quand sa mère le laissait seul. Ce polisson de petit chat escaladait le dos du gros chien, lui mordait les oreilles avec ses dents pointues, s’asseyait sur sa tête, lui mâchouillait les moustaches, mais pire il essayait de lui attraper le petit bout de la queue.

Un vrai petit monstre de chat...

Enfin quand il était bien fatigué, il s’endormait entre les pattes du gros Tom. Le chien était un papa pour Chouchou. Plus tard quand il a été un grand chat, car il est devenu un grand chat, et que nous avons habité la campagne Chouchou suivait le chien en promenade comme s’il avait été un chien lui aussi.

C’est drôle un chat qui croit qu’il a un papa chien et qu’il est un « chat-chien » !


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