Les contes de Mamé

 


Un petit oiseau perdu



Un beau matin du mois de juin en rentrant à la maison en ville, Mamé a entendu les piaillements effrayés d’un jeune oiseau. Et un peu plus haut dans un arbre répondait les cris plaintifs d’un verdier. Mamé est restée sans bouger sur le trottoir devant la porte de l’immeuble pour voir ce qui se passait. Alors une maman verdier s’est posée un peu plus loin, près du soupirail d’une cave, en lançant des trilles d’encouragement pour son bébé qu’on ne voyait pas.

Mamé s’est approchée et elle a fini par apercevoir, au fond du saut de loup, un jeune verdier terrorisé qui jamais ne pourrait ressortir de là tout seul. Il avait dû s’envoler pour la première fois hors du nid et malheureusement pour lui n’avait pas réussi à atterrir, il était tombé dans un trou. C’était ses parents qui restaient dans les alentours et essayaient de le faire sortir de là. Le père, la mère et le petit criaient de chagrin.

Mamé avait mal au coeur devant cette situation, elle réfléchissait pour trouver un moyen de les aider. Mais comment attraper l’oiselet là en-dessous. Et tout à coup, elle a pensé qu’il fallait le pêcher! Avec quoi? Avec l’épuisette à crevettes de Sophie.

En un rien de temps, Mamé armée de l’épuisette penchée au-dessus de la grille farfouillait dans le fond du saut de loup pour prendre le petit dans le filet. Celui-ci piaillait de frayeur, et ses parents croyant qu’on voulait lui faire du mal, criaient à côté de peur et de colère. Enfin Mamé a pêché le petit verdier et l’a pris dans sa main en lui parlant tout doucement. Pauvre bébé il était terrifié...

Mamé est montée à l’appartement au second et a mis le jeune oiseau dans l’ancienne grande cage d’Attila Zoizeau. Après avoir eu à boire et à manger le jeune s’est endormi. Mamé a regardé par la fenêtre pour voir ce que faisaient les parents. Ils étaient toujours là dans les arbres en bas. Elle a eu une idée, le temps était beau, en mettant la cage contre la balustrade d’une porte-fenêtre grande ouverte, les parents perchés dans l’arbre juste en face pourraient voir leur petit. Et c’est ce qui est arrivé.

Mamé cachée derrière une porte a vu le père oiseau atterrir sur la cage. Il regardait partout inquiet de ce qu’il pourrait y avoir comme danger. Mais rien ne se produisait et au bout de quelques instants, il a commencé à parler à son bébé, et a essayé d’arracher les barreaux de la cage sans succès. Découragé, il est reparti se percher dans l’arbre vis-à-vis de la fenêtre.

Cependant, Mamé s’est dit qu’il reviendrait et que le bébé aurait moins peur dans sa cage. Un peu plus tard, en effet le papa verdier est revenu et qu’a t’il fait? Il a apporté à manger au petit dans son bec. Celui-ci piaillait de bonheur. Mais à chaque fois que le père repartait le jeune était très malheureux. En regardant bien le bébé Mamé a jugé qu’il avait déjà beaucoup de plumes et que si les parents le nourrissaient, il pourrait repartir tout seul au bout de quelques jours.

Et c’est ainsi que tous les soirs on fermait la fenêtre et couvrait la cage. Au dodo bébé oiseau! Il fermait les yeux, mettait souvent son bec sous son aile et s’endormait jusqu’au matin. Alors une nouvelle journée commençait. Monsieur verdier revenait s’occuper de son petit tandis que maman verdier observait et lançait des cris de réconfort, perchée dans le sorbier, entourée des frères et soeurs du petit coquin. C’était le papa qui allait dans le monde inconnu de ces personnes géantes qui gardaient le bébé perdu.

Un beau matin, Mamé a décidé que ce dernier était maintenant assez fort pour retrouver la liberté et s’en aller. Elle lui a ouvert les petites portes de la cage et toute la famille a attendu bien cachée dans un coin de la pièce. Mais le petit ne trouvait pas l’endroit pour sortir, il volait partout dans cage en se cognant aux barreaux. Son père est alors venu se poser sur cette prison, pour l’encourager par ses cris. Mais sans succès, rien à faire, le jeune verdier restait prisonnier.

Tout à coup Mamé a eu une idée, elle a pris une baguette et l’a fait traverser la cage et ressortir par un des portillons ouverts. Elle pensait que cela donnerait au petit, l’envie de se sauver par-là. Mais ce qui est arrivé est extraordinaire, le papa oiseau s’est posé sur le bout de la branchette qui sortait et il a déplié une de ses ailes toute grande pour qu’elle rentre dans la cage. Le bébé l’a tout de suite vue et il est venu dessus, le père a refermé doucement son aile, cela a fait ressortir le petit verdier.

Ils sont restés posés l’un près de l’autre un moment, puis avec les encouragements de son papa le bébé a pris son élan et...s’est envolé pour atterrir dans l’arbre d’en face où toute la famille s’est retrouvée en pépiant de joie.


©2005 - France TARDON/APPRILL                                                                  Index contes   Un drôle de volatile   Domino, le chat pêcheur